17 février 2015

Test - Transistor [PS4]

Aujourd'hui, il est de plus en plus fréquent de trouver des jeux indépendants plus aboutis sur tous les points que les titres AAA sur-médiatisés - On ne citera aucun jeu - et sans aucune prise de risque. Il y a trois ans, c'était le cas de Bastion, un jeu développé par le studio Supergiant Games, qui proposait aux joueurs un monde à la fois très cohérent, mais surtout esthétiquement irréprochable et avec un véritable parti pris sur la narration. Sorti de nulle part, le titre s'est rapidement fait une place dans le cœur des joueurs, mais aussi des journalistes qui avaient placé Bastion dans le haut du panier de la scène indies. Il n'était donc pas étonnant qu'à l'annonce de leur nouveau projet, tous les regards se soient tournés vers eux, à la fois curieux, à la fois sceptiques, en espérant que le titre qui a façonné leur notoriété ne soit pas un coup de chance. C'est ainsi qu'est arrivé Transistor.
  

Bienvenue à CloudBank
Si l'action de Bastion prenait place dans un univers fantastique, assez proche de l'héroic fantasy, celui de Transistor est radicalement opposé et plonge le joueur dans une ville futuriste appelée CloudBank dont la population a le pouvoir de changer les apparences par un simple appel au vote, comme par exemple pour choisir le temps qu'il fera demain. A partir de la, la ville est en constante évolution et ne cesse de changer. Vous incarnez Red, une chanteuse aussi talentueuse que célèbre qui se retrouve malgré elle plongée dans une sombre affaire dans laquelle la ville est envahie par des entités robotiques et bioniques appelés le Process. Le jeu débute lorsque la jeune fille rousse, devenu muette, se réveille et découvre subitement une cité vide ainsi que le corps inerte d'un homme, qu'elle semble à première vue connaître, transpercé par une épée géante et bleue assez particulière appelée le Transistor. On découvre très rapidement que l'homme n'est pas mort et qu'il a son « empreinte » enfermée dans l'objet, il pourra continuellement s'adresser à Red et fera donc office de narrateur durant l'ensemble de l'aventure. Aventure qui vous emmènera dans plusieurs districts de la ville à la recherche de la vérité sur le Process et de ses mystérieux créateurs, une organisation qui se fait appeler la Camerata.


Un monde d'une finesse exemplaire


Dans Transistor, on nage clairement dans un univers utopique, qui dérape rapidement, au final, c'est la définition même de la dystopie. Quand on découvre la ville pour la première fois, on ne peut s'empêcher de ressentir une sensation de superficialité qui se dégage de chaque ruelle de la cité, rien ne semble vraiment réelle, leur société elle-même, semble factice. Une fois de plus, le talent des développeurs sera de nouveau démontré quant à leur capacité de rendre un univers très cohérent sans en montrer de trop. La direction artistique renforce magistralement ce ressentit et colle à merveille avec l’univers proposé. En utilisant des couleurs froides, ils nous offrent une ambiance à la fois mélancolique, mais aussi mystique, le tout, sublimé par des illustrations de très grandes qualités signées Jen Zee dont le talent n’est plus à démontrer. C’est cette fusion maîtrisée entre la science fiction et l’onirisme qui rend le titre aussi unique en son genre, rare sont les jeux vidéo aujourd’hui à réussir avec autant de brio cette justesse dans les choix artistiques et narratifs. Et de ce côté là, le  jeu n’est pas en reste, les dialogues (surtout le narrateur) sont justes et ne sont jamais envahissants même s'ils sont présents continuellement pendant que le joueur avance et le tout est sublimé par un doublage exceptionnel de la qualité de ce qu'on pouvait entendre dans Bastion. Un autre point à aborder, c’est celui de l’ambiance sonore et surtout de la bande originale qui utilise des sonorités particulières, électroniques, un style new age moderne, en parfaite adéquation avec l’univers utilisé et qui rappelle certains classiques du cinéma comme Blade Runner pour ne citer que lui.  Pour en revenir sur le Background passionnant du titre, lors de votre aventure, vous aurez la possibilité de retrouver les corps disparus d'autres personnalités de CloudBank et d’en découvrir plus sur leur vie et leurs idéaux en utilisant leurs empreintes lors des combats et ainsi décrypter leurs données personnelles, mais je reviendrai sur cette spécificité plus tard dans le test.


A votre "Turn"
Transistor est un jeu particulier, que ce soit dans ses thèmes traités, son ambiance, unique mais aussi, un autre point que nous allons aborder tout de suite, son gameplay. C’est un jeu de rôle, jusqu’ici pas vraiment d’originalité si ce n’est son système de combat qui utilise dextérité, vitesse et stratégie tout en étant à la fois complexe, à la fois accessible, mais surtout plus profond qu’il en a l’air. Lorsqu'un combat démarre, la zone se place en quarantaine. Vous pouvez utiliser jusqu’à quatre compétences différentes, ce sont les “empreintes” des personnalités qui ont été enfermées dans le transistor comme votre ami au début du jeu, on appelle ça des "MèM". Évidemment vous avez la possibilité de changer les compétences et chacune d’entre elle peut être utilisée de trois manières différentes, principale (Actif), secondaire (MàN) et passive. Comme son intitulé l’indique, la principale utilise la compétence lors d’un combat, comme “attaquer”, “lancer une grenade”, “corrompre l'ennemi”...etc. La fonction secondaire, elle, permet d'apporter une spécificité supplémentaire à la principale, par exemple, si je place l’empreinte “attaquer” en fonction principale et “corrompre l'ennemi” en secondaire, mon attaque causera non seulement des dégâts, mais fera également de mon adversaire un allié durant un court instant. Vous avez saisi le truc. Il reste donc la fonction passive, celle-ci permet d’ajouter un bonus au personnage qu’elle gardera perpétuellement sur elle comme regagner de l’énergie sous certaines conditions...etc. Vous pouvez également équiper Red de “Limiteurs”, ce sont des puces qui offrent également un bonus tout en apportant un malus, par exemple, gagner un pourcentage supplémentaire sur les points
d’expériences, mais en contrepartie, la force des ennemis sera décuplée. Vous aurez la possibilité d’équiper plusieurs “Limiteurs” à la fois, mais à vous de juger vos capacités à tenir plus de 10 secondes lors d’un affrontement particulièrement rudes.  Il reste un point à aborder sur le système de combat,  et pas des moindres car il s’agit peut-être de la chose la plus importe  du gameplay, c’est le “Turn”. Lorsque vous utilisez cette spécificité, le temps autour de vous s’arrête et vous pouvez “planifier” vos futures attaques. Une barre d’énergie indique le nombre de déplacements et de compétences que vous pouvez utiliser lors d’un “Turn”. Une fois que vous avez planifié l'ensemble de vos actions et que vous avez validé votre choix,  Red  se lancera et utilisera vos compétences à la vitesse de l’éclair. Évidemment, il faudra attendre quelques secondes avant que la barre du “Turn” se remplisse et que vous puissiez l’utiliser à nouveau. Cette particularité du jeu n’est vraiment pas négligeable et apporte de la profondeur à l’ensemble du système de combat. Grâce à elle vous pouvez planifier des combos de compétences différentes et ainsi venir à bout des adversaires plus rapidement. A noter que chaque ennemi, même s'ils ne sont pas très variés dans leur design, est différent dans sa manière d’aborder un combat et qu’il faudra régulièrement revoir l’utilisation de ses compétences, leurs fonctions et les “Limiteurs’ pour remporter la victoire sans éprouver trop de difficultés.


Court mais bon

Le titre de SuperGiant Games est plutôt court. Je l’ai terminé en 6H, mais il s’agit du premier run car c’est un jeu qu’il faut refaire une seconde fois pour en découvrir l’ensemble de ses possibilités et de ses détails. Le new game + permet plusieurs choses, dans un premier temps, vous gardez l’ensemble des niveaux et des caractéristiques que vous avez gagnés lors de votre première partie, les ennemis sont de ce fait beaucoup plus résistants. C’est vraiment dans le second run que l’on découvre le véritable potentiel du système de combat et de sa profondeur. Aussi, recommencer une partie permet d’en apprendre plus sur le background, du titre d’une part en découvrant certains détails qui vous ont échappé et vous pourrez surtout décrypter l’ensemble des “empreintes” que vous avez trouvé et ainsi tout connaître sur les personnalités de CloudBank ainsi que les robots corrompus par le Process. Aussi, vous aurez parfois le bonheur de trouver une porte secrète qui mène vers la "sandbox", une plage qui permet de débloquer l'ensemble des musiques du jeu en effectuant plusieurs défis (Vitesse, planification, stabilité). Il s'agit d'une quête secondaire qui demandera de la patiente pour en venir à bout. Une dernière chose avant de terminer, Transistor est un jeu qui laisse une grande part à votre interprétation personnelle, n’attendez pas que tout vous soit expliqué lorsque vous terminez le jeu car ce ne sera pas le cas.


Et si on résumait


Transtor est un titre qui marque, de par son ambiance très personnelle, qui ne pourra pas plaire à tout le monde, mais qui a le mérite d’être unique, par son système de combat sublimé lors du deuxième run ou encore par ses sujets abordés qui ouvrent clairement le débat. Bref, on ne reste pas insensible face à cette oeuvre inoubliable qui est actuellement disponible gratuitement pour les abonnés du Playstation Plus, une raison de plus de ne pas passer à côté de ce titre que je n’aurai pas peur de qualifier de chef-d’oeuvre.




Ce qui nous pousse à l’acheter           Ce qui pourrait nous faire hésiter
- Un travail artistique de toute beauté
- Un système de combat intelligent et profond
- Une bande son marquante
- Les pistes chantées par Ashley Barrett, une merveille
- Un final d’une justesse incroyable, tellement rare dans le jeu vidéo
- La qualité irréprochable du doublage
- Le New Game +
- J’hyperbolise chaque point du jeu et alors ?
  - Un premier run un peut court… tu parles d’un défaut
- J’ai faim
- Vous avez passé une bonne Saint Valentin ?

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